Publication Info-Serre
Édition mai 2017

Bonjour,

Sous plusieurs aspects, la production serricole du Québec semble aux antipodes de celles des autres provinces canadiennes, notamment l’Ontario et la Colombie-Britannique.  Si l’on se contente de regarder la valeur de la production depuis 2011 (voir le tableau ci-dessous), le constat suivant saute aux yeux: le chiffre d’affaires de la production de légumes et de fruits sous serre s’est accru – presque 5 M$ -, alors que le chiffre d’affaires pour le secteur des végétaux d’ornement a diminué de plus de 15 M$.  Pour l’Ontario et la Colombie-Britannique, le chiffre d’affaires s’est pour sa part accru pour les deux secteurs.  Somme toute, si l’on se compare, nous devons conclure que la progression de la valeur totale de la production du Québec s’est faite à la baisse, contrairement à l’augmentation de la valeur de la production constatée en Ontario et en Colombie-Britannique.

Comment expliquer ces écarts?  Tout d’abord, nous savons que les investissements gouvernementaux en appui à l’innovation ont été supérieurs en Ontario et en Colombie-Britannique.  Par exemple, le Centre de recherche et de développement de Harrow (en Ontario), lequel est financé par Agriculture et agroalimentaire Canada (AAC), vient grandement en appui à la production serricole de la province.  Également, le gouvernement provincial ontarien, en collaboration avec AAC, a récemment investi des sommes importantes pour la construction du Centre de collaboration en technologie de culture de serre de Vineland.  Il s’agit de la plus vaste serre précommerciale de recherche horticole en Amérique du Nord.  À l’instar de l’Ontario, les entreprises de la Colombie-Britannique reçoivent un appui des paliers gouvernementaux provincial et fédéral pour la promotion, la recherche, et le remboursement de la « taxe carbone », en plus de bénéficier grandement des résultats de la recherche du Centre de recherche et de développement d’Agassiz.  Les gouvernements de ces deux provinces sont de surcroît très actifs en matière d’appui pour le transfert technologique en production serricole.

Également, la structure de la mise en marché et de la production ne sont pas les mêmes au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique.  Dans ces deux dernières provinces, des associations considérées comme des « offices de commercialisation » aux yeux de la Loi sur les offices des produits agricoles permettent aux entreprises serricoles d’investir dans des projets collectifs de recherche et développement.

Somme toute, la présence d’un soutien valorisant l’innovation, et la structuration de la mise en marché, ont comme effet de modifier grandement la structure de la production.  Ce faisant, la taille moyenne des entreprises ontariennes et britanno-colombiennes est fortement supérieure à la moyenne québécoise, ce qui engendre notamment une compétitivité accrue et un potentiel d’expansion élevé.

Afin de réduire ces écarts et ainsi accroître la compétitivité de l’industrie serricole québécoise, Les Producteurs en serre du Québec se sont donnés la mission de se doter d’outils pour améliorer la recherche et le développement, l’innovation et la promotion générique par l’entremise de Chambres de coordination et de développement.  Également, avec l’appui de l’Union des producteurs agricoles (UPA), les PSQ travaillent à ce que les investissements d’envergure en matière de modernisation et d’expansion soient facilités.  En ce sens, il a été demandé à la Financière agricole du Québec (FADQ) que le plafond de financement passe de 5 M$ à 20 M$.  Enfin, dans le but d’appuyer les interventions des PSQ en lien avec la recherche et l’innovation et son financement, et pour faciliter le transfert et le développement de connaissances en appui aux service conseils économiques, techniques, en gestion et en ingénierie, une Chaire de recherche en serriculture pourrait voir le jour sous peu…  À suivre!

Claude Laniel, directeur général des Producteurs en serre du Québec