À mon arrivée comme directeur général des PSQ en 2015, j’ai accepté de relever le défi de trouver les moyens de doter l’industrie serricole d’outils permettant de gérer sa croissance.  Pour faire un peu d’histoire, au milieu des années 80, le ministre de l’agriculture M. Jean Garon souhaitait faire du Québec la Hollande de l’Amérique du nord en matière de production sous serre.  Grâce à des aides financières considérables, on a vu se construire ce qui nous apparaissait à l’époque comme des grands complexes serricoles.  Cette croissance soudaine et non planifiée était venue chambouler l’industrie serricole en entier.

Durant cette période, on a vu les entreprises s’entredéchirer sur la place publique, sans pour autant que l’on réussisse à intervenir de manière concertée.  Aujourd’hui, le scénario est quelque peu similaire, à la différence que les grands complexes sont encore plus imposants que par le passé.  Face à la perspective de croissance actuelle, on pourrait choisir comme dans les années 80 et 90 les actions individuelles peu structurantes, ou encore se doter d’outils d’intervention concertée de manière à ce que toutes les entreprises profitent du momentum, de l’engouement pour les produits serricoles.

Pour le secteur de l’horticulture ornementale sous serre, la situation diffère cependant.  Au fil des années, le secteur a graduellement perdu des parts de marché au profit d’entreprises non québécoises mieux préparées, mieux organisées, et plus résilientes. Les produits vendus au Québec proviennent aujourd’hui de plusieurs endroits : Ontario, États-Unis, Amérique du sud. Les dernières décennies ont vu la disparition de la production de fleurs coupées, et la production de plantes annuelles est en sérieux péril.  Les serres construites en 2017 ressemblent étrangement à celles des années 90, intégrant très peu l’automatisation et les solutions innovantes.  Or, un secteur qui n’innove pas se retrouve renfermé sur lui-même et finira par perdre de sa vigueur, et ultimement ses parts de marché.  C’est ce qui se produit actuellement.

Face à ces constats, que souhaitons-nous faire?  Agir?  Ou se croiser les bras?

À mon avis, nous pouvons et devons agir!  Bien sûr, des ressources et des moyens seront requis. La mise en place de chambres de coordination et de développement (CCD) constitue l’un des moyens pour se doter d’une plus grande capacité d’action afin de mieux coordonner la croissance des secteurs de la production de légumes de serre et de végétaux d’ornement.

Le modèle de CCD ressemble à s’y méprendre aux formes d’organisation adoptées par les entreprises serricoles de l’Ontario et de la Colombie Britannique il y a plusieurs années.  Les lois, les termes et les possibilités d’action diffèrent, mais les objectifs sont sensiblement les mêmes : mener des activités de promotion, et de recherche et développement.

Aujourd’hui, en Ontario, les entreprises doivent détenir un permis pour commercialiser leur produit : il en coûte 0,27$ / m2 (0,0251$ / pi2) de superficie en production pour l’obtenir.  En plus, 1,5% du montant total des achats des boîtes de carton est retenu par l’Ontario Greenhouse Vegetable Growers (OGVG), Flowers Canada Ontario (FCO), et d’autres associations.  En Colombie Britannique, le scénario diffère un peu : les producteurs paient au British Columbia Marketing Commission (BCMC) un montant de 0,046$ / m2, en plus de 0,14$ / m2 à l’association représentant les entreprises de la province, soit la British Columbia Greenhouse Growers’ Association.

 

Comparaison du financement de l’industrie serricole en Ontario, en Colombie Britannique et au Québec

Province Superficie en production (m2 ) Cotisation ($ /  m2) Total payé
Ontario 13 866 801 0.27$* 3 744 036$*
Colombie-Britannique 4 058 054 0.186$ 754 798$
Québec 2 027 021 0.2% de la VNA** 300 000$**

* auquel s’ajoute 1,5 % sur les achats totaux de boîte en carton / ** VNA : ventes nettes ajustées / *** projection

Source: TOGA et BCMC

 

Concrètement, ces cotisations et prélevés ont permis de financer des actions collectives en matière de promotion, de recherche et de développement.  Comme vous le verrez dans un prochain article, les résultats sur la valeur de la production ont été plus que concluants.  Le Québec gagnerait grandement à s’inspirer de ces formes d’organisation, et la CCD semble le moyen le plus efficace pour parvenir à des résultats comparables, voir supérieurs.  Surveillez les capsules vidéos des entreprises serricoles donnant leur appui à la CCD dans le cadre de la campagne »Une Force pour prospérer» pour plus d’information.