Bonjour,

À l’approche de l’assemblée générale annuelle des PSQ qui se tiendra le 14 novembre 2018 prochain, quelques producteurs m’ont questionné sur les bénéfices pour leur entreprise à adhérer aux PSQ comme membre.  La question est légitime, et il importe de se rappeler que les avantages d’adhérer à une organisation telle les PSQ ne sont pas tant d’ordre invididuel que collectif.  En effet, le retour sur investissement d’une adhésion aux PSQ ne se mesure pas de manière aussi quantitative que le nombre de dépannages découlant d’une adhésion au Canadian Automobile Association (CAA), par exemple.

Les impacts d’une participation à la vie associative des PSQ se reflètent davantage sur les opportunités disponibles pour la collectivité, pour l’ensemble des producteurs et de l’industrie: accès aux programmes gouvernementaux, homologation de pesticides biologiques et conventionnels, accès aux subventions des programmes Agri-Québec, bonification des programmes de service-conseil (en ingénierie et technique par exemple), accès à des rabais d’électricité offert par le Ministère des finances et à des programmes et projets variés.  Ce ne sont là que quelques impacts positifs de l’action collective des activités menées par les PSQ.  Que vous soyez membre ou non, vous constatez certainement au quotidien ces impacts du travail des PSQ, bien que ces avantages ne sont pas personnalisés.  Ainsi, je vous encourage à renouveler votre support à l’action collective des PSQ ou à adhérer à l’organisation.  Il ne vous en coûtera environ que 0,25$/mètre carré, soit 0,001% de vos revenus par mètre carré.

Par ailleurs, nous avons débuté il y a quelques mois un chantier en lien avec la valeur des serres et l’accès au financement des entreprises.  Vous comprendrez que l’accès au financement est fortement associé à la valeur des actifs et que celle-ci est utilisée pour financer des projets de démarrage, de modernisation, et de vente d’entreprises.  Présentement, la méthode utilisée pour calculer la valeur des actifs serricoles est la suivante :

  • Coût de construction d’une nouvelle serre = 100%
  • La valeur résiduelle au jour 1 de la fin de la construction des serres est réduite de 50% du coût de construction pour refléter, selon la Financière agricole du Québec, les risques et la valeur de revente en cas de cession des activités;
  • La garantie pour fin de financement est estimée à 75% de la valeur résiduelle et correspond à 40% des coûts de construction;
  • La valeur de la garantie de prêt est déterminée en fonction de la compétence et de l’expérience du ou des producteurs.

Pour un producteur en démarrage issu de la relève, on s’imagine que la démonstration de l’expérience s’avère plutôt difficile…  Également, dans les éléments de calcul mentionnés plus haut, les valeurs de l’achalandage ou de l’image de marque ne sont pas prises en compte.  Cette manière de faire n’est pas optimale lorsque l’on sait que la marque constitue le principal élément d’actif pour la majorité des entreprises. Que ce soit pour des multinationales telles Apple ou Nike, il ne fait aucun doute que la valeur de l’entreprise, reflétée par la cote en bourse, est avant tout associée à la marque de l’entreprise.  Certaines études le démontrent: les consommateurs sont de plus en plus intéressés et interpellés par la provenance du produit et par le mode de production.  Les consommateurs recherchent donc vos produits, vos légumes ou vos plantes parce qu’ils vous font confiance, parce qu’ils vous connaissent.  Cette notoriété a une valeur dans le marché et doit être prise en considération dans la détermination de la valeur d’une entreprise.

En production serricole, on considère qu’il faut investir 350$ par mètre carré pour construire une serre moderne et efficace générant des revenus d’environ 150$ par mètre carré, soit qu’un investissement de 2,50$ générera 1,00$ de revenu. Ce qui distingue la production serricole de plusieurs autres productions agricoles, c’est que la valeur des actifs ne provient pas de la valeur de la terre mais plutôt de la valeur de l’équipement de production : la serre.

Également, notons que le risque en production sous serre existe bel et bien.  Dans les dernières années, des pertes ont notamment été causées par les changements climatiques: inondations printanières, tempêtes de grêles, vents violents, périodes de canicule, etc.

Rappelons qu’historiquement, le crédit agricole a été mis sur pied par les gouvernements pour faciliter l’accès au financement et réduire le risque pour les institutions financières traditionnelles. Les banquiers de l’époque considéraient l’agriculture comme une activité à risque, notamment en raison de la valeur élevée des actifs en fonction du volume des ventes, et des impacts des aléas climatiques et des variations des marchés sur l’activité agricole.  Aujourd’hui, il y a lieu de se questionner sur la manière dont la FADQ remplit sa mission en matière de crédit agricole.  On note que les pertes de la FADQ sont largement inférieures aux pertes subies par les institutions financières pour des prêts aux entreprises commerciales et manufacturières, et ce au même moment où le gouvernement fédéral décide de radier un prêt à Chrysler d’un montant de 2,6 G$.

Dans ce contexte où les enjeux sont toujours plus complexes et changeants, il importe de saisir que le rôle des PSQ n’engendre pas nécessairement des impacts immédiat à court terme, contrairement à l’instantanéité attendue d’autres organisations.  L’adhésion aux PSQ doit ainsi être vue comme un investissement afin d’améliorer l’environnement d’affaires dans lequel évolue votre entreprise.

 

Claude Laniel, directeur général