Publication Info-Serre
Édition septembre 2018

La mise sur pied en 2004 de la toute première chambre de coordination et de développement (CCD) est venue couronner les efforts entrepris par les producteurs et l’industrie. Aujourd’hui, la marque Les Fraîches du Québec unit les producteurs du Québec, peu importe leur taille, leur région et leur mode de commercialisation. Cette étape a marqué un tournant décisif dans l’organisation du secteur.

Sous les casseaux de fraises et de framboises du Québec se cache aujourd’hui une industrie qui génère annuellement plus de 50 M$. Pourtant, il y a une vingtaine d’années, les étals des épiceries proposaient des fruits importés, même en plein été. L’arrivée des fraises d’automne a changé la donne, permettant d’étirer les récoltes locales de juin à octobre. Et aujourd’hui, une révolution semblable pousse dans les champs de framboises du Québec. De nouvelles variétés et techniques de production en pots et sous abris positionnent de façon enviable le produit face aux géants de la Californie. Entrevue avec Mme Yourianne Plante (YP), directrice générale de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ), sur l’impact de la CCD dans les récents progrès du secteur*.

PSQ: Mme Plante, quels besoins particuliers ont incité les producteurs à envisager des activités collectives de mise en marché dans votre secteur?

YP: En 1996, une étude sur la mise en marché de la fraise fraîche au Québec a sonné l’alarme et a poussé notre secteur à s’organiser collectivement. À ce moment, le diagnostic indiquait que les prix offerts aux producteurs étaient faibles, que les superficies en culture stagnaient, que les variétés utilisées étaient inadaptées et que les importations en saison s’accroissaient.  On remarquait aussi que l’offre était dispersée, faute de stratégie de mise en marché concertée. Bref, rien de trop reluisant!

PSQ: Comment s’est constituée la CCD à la suite du diagnostic de ces problématiques?

Le processus de constitution de la CCD a réellement débuté en 1998, alors que les producteurs ont mis de l’avant l’idée de créer un fonds de promotion et de recherche. C’est un partenaire de la grande distribution, Métro, qui a été le premier à accepter de relever le défi de la concertation avec les producteurs regroupés sous l’APFFQ.  La première CCD s’est donc constituée en 2004, soit 6 ans après le démarrage du processus, pour servir de lieu d’échanges sur l’approvisionnement, la promotion et la recherche. Grâce au travail de producteurs leaders et visionnaires, à des objectifs communs entre les partenaires et à la relation gagnant/gagnant instaurée entre les membres, la CCD fonctionne aujourd’hui par l’entremise de notre collaboration avec 6 partenaires d’envergure, soit Métro, IGA, Provigo, Walmart, Canadawide et la North American Strawberry Growers Asociation.

PSQ: Pouvez-vous nous donner des exemples concret d’activités que la CCD a permis de réaliser?

Deux ans après sa création, une étude de perception des consommateurs a mené à la création d’une marque de commerce commune aux membres de la CCD. Puis, en 2009, la marque Les Fraîches du Québec voyait le jour. Une grande réalisation pour notre secteur!  Aujourd’hui, plus d’une centaine de producteurs – sur les 420 membres de l’APFFQ – l’utilisent et plus de 15 millions de contenants sont identifiés avec la marque annuellement.  Les Fraîches du Québec donne une grande notoriété aux fraises et framboises du Québec!

La CCD a aussi permis de réaliser une multitude d’activités de recherche et développement. Grâce à l’amélioration des techniques de production et de la qualité des fruits, et au développement de variétés performantes, les fruits sont disponibles plus longtemps sur les tablettes, et même à l’année grâce à la production sous serre et tunnel! D’autres outils ont également pu être mis en place, tels un outil de prévision des rendements disponible via une application mobile, ainsi qu’une procédure de gestion de la qualité accompagnée d’une formation en ligne.

PSQ: En matière de retombées économiques pour le secteur, avez-vous été en mesure de constater des résultats rapidement après l’instauration de la CCD?

Oui, notre regroupement a permis aux fraises du Québec d’accroître rapidement les recettes qu’elles ont générées, notamment en comparaison à l’Ontario. Alors qu’en 2003 les deux provinces présentaient des valeurs de production assez similaires (environ 18 M$), dix ans plus tard, en 2013, le Québec possédait 66% du marché(37 M$), tandis que l’Ontario en détenait 34% (19M$).  Un bond considérable pour les fraises du Québec, si bien que nous sommes désormais le plus gros producteur canadien et le troisième en importance en Amérique du Nord après la Californie et la Floride!

Aujourd’hui, 50M$ sont générés annuellement par notre industrie, fraises et framboises confondues. C’est la concertation avec les acheteurs à des fins de planification stratégique sectorielle qui aura permis de telles retombées… Et la croissance se poursuit.

Enfin, de l’aveu de plusieurs producteurs, si ce n’était de la CCD et du climat d’ouverture et de transparence du marché qu’elle a aidé à instaurer, plusieurs d’entre eux ne seraient plus en affaires aujourd’hui.  Comme quoi la concertation bénéficie à l’ensemble de la filière!

 

*Les Producteurs en serre du Québec remercient Mme Yourianne Plante et l’APFFQ pour leur disponibilité et leur transparence dans la réalisation de cette entrevue.