Publication Info-Serre
Édition septembre 2018

Un secteur dépendant des interventions publiques

Depuis quelques temps, je suis appelé à organiser des sessions de formation en gestion administrative et financière pour les administrateurs d’organisations paysannes sénégalaises.  Ce qui me frappe le plus, c’est la grande similitude entre celles-ci et certaines organisations agricoles canadiennes.  Je prends le soin de mentionner « certaines organisations » parce qu’au Canada, plusieurs groupes ont choisi d’adopter, en concertation, des pratiques de gestion assurant leur autonomie et leur pouvoir d’intervention.  Néanmoins, dans certains pays africains, comme au Canada et au Québec, les organisations sont trop fréquemment dépendantes des institutions publiques, ce qui limite leur liberté d’intervention individuelle au profit du développement sectoriel.  À titre d’exemple, il y a quelques jours à peine, la Chine convoquait les représentants de 53 pays africains à une annonce d’investissement de plus de 7 milliards de dollars sur le continent.  Plusieurs analystes ont décrié cette aide financière de la Chine comme un moyen d’accroître son influence dans les pays africains où ses ressortissants et compagnies sont présents.

Certes, l’analogie doit être soupesée,  mais force est de constater que le secteur serricole est dépendant des interventions gouvernementales pour son développement.  Et malgré le soutien public, l’industrie serricole vit tout de même un pénurie de chefs de cultures et un manque de capitaux pour se moderniser.  Le prix de vente des fruits, des légumes et des végétaux d’ornement est le même depuis dix ans.  Par ailleurs, la valeur d’une serre chute de moitié dès le lendemain de sa construction, les banquiers jugeant que les risques d’investir dans un tel créneau sont trop élevés.  À qui la faute?  Que faire?

Deux CCD pour l’industrie serricole

Les projets de chambre de coordination et de développement (CCD) proposé par les PSQ ne viendront pas régler tous les problèmes de l’industrie.  Cependant,  leur mise en oeuvre permettra une capacité d’action accrue, un plus grand pouvoir de proposition, et une meilleure concertation avec les maillons de la filière.  Les producteurs de fraises et framboises travaillent avec la CCD depuis plusieurs années et ils ne s’en passeraient plus. Pour l’industrie serricole, un tel outil permettrait d’investir collectivement dans l’innovation pour le secteur de la production de fruits et de légumes, et dans la promotion pour accroître les parts de marché des producteurs de végétaux d’ornement.  Nous ne parlons pas de montants astronomiques, mais plutôt de sommes suffisantes pour influencer les décisions des consommateurs et des intervenants.

En novembre prochain, lors de l’AGA des PSQ qui se tiendra comme à l’habitude dans le cadre de l’Expo-FIHOQ du 14 au 16 novembre, vous aurez à vous prononcer sur la mise en place des CCD pour les deux secteurs de production en importance.  Si vous jugez que de tels outils sont inutiles compte tenu de votre situation d’affaire actuelle (entreprise peu rentable, relève non assurée, etc.), mettez-vous à la place des producteurs et productrices de demain…  Le moment n’est-il pas venu de travailler ensemble, collectivement, pour le développement de votre industrie?

Campagne électorale provinciale: demandes des PSQ

En terminant, permettez-moi de réitérer que les PSQ, à l’instar de l’UPA qui a clairement établi ses enjeux primordiaux pour la présente campagne électorale, tiennent à mettre de l’avant les enjeux suivants pendant la campagne électorale:

  1. Accès à l’énergie à un coût compétitif: à une époque où la Politique énergétique 2030 vise notamment à réduire de 40% l’utilisation de produits pétroliers, et à une période où Hydro-Québec génère d’importants surplus qui sont destinés à l’exportation, ne serait-il pas opportun de favoriser l’utilisation de l’électricité pour la production serricole?
  2. Productivité de la main-d’oeuvre:  en Ontario, nos principaux concurrents, une aide gouvernementale a pourtant été consentie pour compenser la hausse du salaire, et des infrastructures de recherche à la fine pointe ont été mises en place.  Nous n’en demandons pas moins pour le développement de la serriculture du Québec!

Claude Laniel, directeur général