En mai dernier se tenait le congrès des économistes du Québec (ASDEQ) sur le thème « progrès économique et protection de l’environnement défis, opportunités et meilleures pratiques ».   Le thème de ce congrès m’a interpellé, car le secteur de la serriculture est en progression au Québec, cette croissance appuyée par la politique d’autonomie alimentaire devrait permettre de doubler la production d’ici quelques années. En tant qu’association sectorielle nous avons une responsabilité de promouvoir cette croissance vers un développement durable.

Le rapport Brundtland, publié en 1987 par les Nations Unies, propose la définition suivante du développement durable : « Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »

La notion de base repose essentiellement sur l’impact des actions d’aujourd’hui sur le futur. Pour le secteur serricole, nous devons donc concilier les intérêts de l’économie et de l’environnement. Par économie, le développement durable ne doit pas poser préjudice à l’entreprise et au point de vue de l’environnement, il nous faut impérativement réduire les émissions de gaz à effet de serre GES. La gestion de la croissance est un donc un défi important. Même si les producteurs connaissent bien l’effet de serre, des incertitudes subsistent et requièrent des investissements en recherche, innovation et coordination du changement. Lors des grands rendez-vous Écotech-Zone Agtech, nous avons d’ailleurs lancé deux défis auprès des innovateurs québécois afin de développer des technologies propres utilisant l’électricité ou la biomasse : thermopompe et/ou de biomasse adaptée aux serres de petite dimension.

En effet, encore aujourd’hui un grand nombre de serres utilisent des produits pétroliers pour le chauffage, que ce soit en production biologique ou conventionnelle. Bien sûr, la raison qui motive ce choix est le coût des équipements de chauffage. Les technologies propres comme l’électricité requièrent des investissements plus élevés, mais réduisent de manière substantielle les émissions de GES. Après plusieurs années de travail et de représentation, nous avons obtenu l’accès à des tarifs raisonnables de 5,6 ¢/kWh pour l’électricité pour un très grand nombre de producteurs, il faut en profiter aujourd’hui au bénéfice des générations futures.

Lors de ce congrès, la Caisse de dépôt et placement (CDP) nous a démontré l’importance de l’investissement « vert ». Elle investit aujourd’hui pour plus du tiers (38 %) de ses actifs dans des entreprises favorisant de nouvelles technologies propres. Pour les producteurs en serre, le principal partenaire en financement c’est la Financière agricole. J’invite la FADQ à l’instar de CDP à mettre en place des mesures visant à favoriser les investissements dans des entreprises vertes, en prenant en compte dans ses évaluations, l’objectif de réduire les émissions de GES même si les technologies propres sont à coûts plus élevés.

Les experts entendus lors du congrès ont aussi démontré qu’il est possible d’arrimer progrès économique et environnement. Pour y arriver et réduire l’empreinte écologique, l’appui à la recherche est essentiel à l’adoption de nouvelles technologies. La mise en place d’une chambre de coordination et de développement permettra de financer équitablement la recherche afin de répondre aux défis d’une serriculture durable capable de protéger les générations futures.

Claude Laniel, Directeur général